La compagnie
La compagnie
«Vous dire que chaque moment est un carrefour de « pistes » possibles. Le geste qui permet… il n’est jamais « une fois pour toutes ». C’est le moment qui importe avec toutes ses composantes, sacrés fouillis. De plus si je vous dis que chaque moment est unique, C’est plutôt gênant de trouver la clef passe-partout. »
Lettre de Fernand Deligny à Chantal B.
Vous dire que « Les Merveilleuses » était le nom donné au XVIIIe siècle, au lendemain de la Révolution, à ces femmes qui avaient une façon particulière de s’habiller, une façon un peu différente de celle qu’on attendait.
Vous dire que jouant dans les spectacles que je mets en scène, je ne vois pas tout, je ne suis pas dehors mais dedans, près du cœur spectacle, je laisse aussi ce qui échappe.
Vous dire que j’ai l’impression que chaque spectacle contient en creux le suivant, comme une promesse chuchotée.
Vous dire que sur le champ de course ceux ou celles qui entraînent les chevaux, qui s’en occupent, s’appellent des metteurs au point… Je crois que j’aime cette nomination. J’ai l’impression de mettre au point une chose qui ne sera jamais « une fois pour toutes », laissant une part chaque soir à l’improvisation, de créer une forme en commun plutôt qu’une mise en scène parfaite, trop fixée.
Vous dire que nous prenons un temps infini pour répéter et qu’il faut toujours à chaque spectacle inventer une façon de travailler, de se tromper, de rire, de nous raconter nos « petites histoires » de vie et nos pensées, de prendre le temps de perdre du temps afin de permettre au théâtre de nous indiquer de nouvelles lois, de nouvelles pistes.
Vous dire que la Compagnie n’est pas seulement une structure administrative et qu’il y a avec moi et au-delà de moi Daniel Schemann, Johanna Korthals Altes, Vassili Schemann, Katevane Meliava, Marion Pranal, Ariane Laget et Margo évidemment (setter lemon).
Vous dire que « Cavalières » notre dernier spectacle constitue une nouvelle étape… Peut-être parce que ces quatre femmes tentent quelque chose malgré tous les désaccords et le bordel que cela génère. Avec une urgence de se parler, une urgence de s’écrire.
Et confier que j’ai toujours au fond de mon cœur la vision d’Anna Akhmatova, grande poétesse russe qui, en pleine période stalinienne, interdite de publication, continue d’écrire ses poèmes en les notant sur des bouts de papier et de s’énerver sur son incapacité à mettre la bonne ponctuation. L’urgence du poème…
- Isabelle Lafon
Isabelle Lafon
Isabelle Lafon
Formée aux ateliers de Madeleine Marion, Isabelle Lafon a joué dernièrement dans Mort prématurée d’un chanteur solitaire dans la force de l’âge de Wajdi Mouawad. Précédemment elle a travaillé sous la direction de Marie Piemontese, Chantal Morel, Guy-Pierre Couleau, Alain Ollivier, Thierry Bédard, Daniel Mesguich, Michel Cerda ainsi que Gilles Blanchard. Elle a mis en scène, adapté pour le théâtre et joué dans chacun de ses spectacles : La Marquise de M*** d’après Crébillon fils, puis artiste associée au Théâtre Paris-Villette : Igishanga d’après Dans le nu de la vie – récits des marais rwandais de Jean Hatzfeld, Journal d’une autre d’après Notes sur Akhmatova de Lydia Tchoukovskaïa, Une Mouette d’après La Mouette de Tchekhov. Depuis, elle a créé Deux ampoules sur cinq, Nous demeurons et L’Opoponax de Monique Wittig. En septembre 2016, Deux ampoules sur cinq, L’Opoponax et Let me try d’après le journal de Virginia Woolf ont été réunis sous le cycle Les Insoumises au Théâtre national de La Colline. Elle a mis en scène en janvier 2019 Bérénice de Jean Racine au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis et créé Vues Lumière en mai 2019 au Théâtre national de La Colline. En 2021 Les Imprudents a été créé au Printemps des Comédiens puis repris au Théâtre national de La Colline, le spectacle est actuellement en tournée. En janvier 2023 elle créé « Je pars sans moi » au Théâtre national de La Colline, le spectacle sera repris au TNP de Villeurbanne et en tournée. Également pédagogue, elle dirige de nombreux ateliers auprès de publics amateurs et professionnels, notamment à l’école du Théâtre national de Bretagne, à l’Académie Fratellini ou encore à La Maison des Métallos, au Conservatoire National supérieur d’Art Dramatique, à l’école de la Comédie de Saint-Etienne, à l’Atelier des Amandiers à Nanterre. Elle a réalisé un moyen-métrage, Les Merveilleuses, sélectionné dans la catégorie fiction du festival de Pantin en 2010.